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Fabliqué par Gaëlle
19 octobre 2007

A Maïthé

En me promenant ici (descendre à la date du 21 Mars), cette banquette dans la cuisine m'a fait pensé à ma chère grand-mère Maïthé. Non pas qu'il y avait une banquette dans sa cuisine, mais une petite table, entourée de deux chaises paillées où nous prenions nos petits déjeuners petites, Sophie et moi. L'ovomaltine, le sucre en plus, dans le service breton, Maïthé qui passait le lait chaud à travers un petit chinois afin qu'il n'y ait pas de crème dans notre lait, masi à la différence de Sophie, j'aime la crème du lait. Toujours cette surprise, course presque à finir son bol d'ovomaltine pour voir qui d'elle ou de moi, avait la fille ou le garçon.

Bref, cette chaise, celle de droite, où j'aimais à m'asseoir, à côté du vinaigrier qui gouttait et de son couvercle de moutarde en plastique noir pour ne pas tacher le bois. Cette chaise, sur laquelle je me suis assise tant de fois pour parler avec ma chère grand-mère, pendant que mon Papa, son fils, et Papily, sont dans le salon entre hommes. Parler de Maman qui ne peut plus venir la voir, parler de Sophie qui ne vient plus les voir, mais dont elle demande des nouvelles à chaque fois. Parler du "club", de l'hôpital, où elle va si souvent, me parler des petites vieilles qui l'insupportent, de la folle qu'elle a eu dans sa chambre un soir, qui voulait que Maïthé la pousse par la fenêtre, alors qu'elle était attachée à son brancard... et l'entendre dire "t'inqu'ètes don' ", et rigoler ensemble d'imaginer ma grand-mère pousser un brancard par une fenêtre.

Je pense que plus jamais je ne m'assirai sur cette chaise...

Mais je me dis que, dans plusieurs dizaines d'années, il faudra qu'il y ait un petit coin doux et accueillant, pour que ma petite fille soit assise là, et m'écoute raconter mes souvenirs de vieille dame alors, et, comme une mise en abîme, je lui raconterai le plaisir éprouvé, des années auparavant, à parler avec ma grand-mère, assise tout comme elle, sur une chaise dans la cuisine.

Déjà plus d'un an. Que le temps passe vite. Des fois, je me dis encore que je vais l'appeler, ou lui envoyer une carte postale comme j'avais l'habitude de le faire. Et puis, quelques secondes après, je réalise, me dis que ce n'est plus possible. Je pleure comme une madeleine à présent, tout à la fois, je rigole de nos bêtises, de nos messes basses dans cette chère cuisine, où grand-mère et petite fille, un peu tardivement certes, se découvraient, et se reconnaissaient à travers l'une, l'autre.

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Commentaires
D
un peu de nos grands-mères à nous toutes réssucitées un temps, grâce à l'évocation de la tienne... mille mercis...
L
C'est doux et triste comme la vie qui passe et laisse des regrets...
F
merci, Gaëlle, pour cette jolie émotion que tu as évoquée, c'est tellement doux de voir exprimé par quelqu'un d'autres des choses qu'on ressent... Bon, j'avoue, j'ai lâché une larme en te lisant, et pensant à la robe de chambre de ma grand mère, le matin, dans la cuisine, quand je me levais pendant les vacances... ou à la pipe et au fauteuil de mon grand père, délaissés depuis quelques mois.<br /> Mais que ça fait du bien de ne pas seulement penser à la tristesse du deuil, mais au côté tendre !
G
en fait je suis pas vraimentr insomniaque, c'est que j'ai pris une bien mauvais habitude de me ccouher tard, donc je me lève tard aussi...
S
3h53… insomniaque comme moi? <br /> Il est bien joli ton post… Moi qui est encore une grand-mère qui ressemble hélas à une tatie Danièle en pire. Par contre mon grand père que de regrets. Je n'ai pas eu le temps de partager ses passions qui sont aujourd'hui les miennes, trop petite, je ne comprenais pas.
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